Depuis que je la mets en pratique, l’action de « composer » se présente à moi comme le problème du tissage et du sens, je cherche à joindre, à faire se rejoindre, les matériaux, les personnes, les usages, les actions, au moyen de sons et de textes. Cela se fait parfois en assemblant des fragments musicaux déjà utilisés ailleurs, parfois en empruntant le style ou la couleur de tel ou tel auteur ou compositeur. Bien plus qu’à des fréquences ou à des rythmes, je me suis intéressé toutes ces années à tisser ces lignes de force. J’aime établir des relations entre des choses disparates qui, une fois assemblées, se révèlent avoir un lien ; lien d’autant plus fort, d’autant plus porteur de sens, qu’elles en semblaient dépourvues lorsqu’elles étaient hors relation, semblant étrangères l’une à l’autre, alors que, dès que tissées ensemble, elles se « reconnaissent », s’éclairent, se complètent et donnent une nouvelle entité, porteuse d’un sens nouveau.
Compositeur et docteur en musicologie, Jean-Pierre Moreau est membre du laboratoire MIM, qu’il préside depuis 2011. Chercheur associé aux laboratoires universitaires UMR7061 PRISM (Perception, Représentation, Image, Son, Musique) et UR4671 ADEF (Apprentissage, Didactique, Évaluation, Formation), ses travaux portent sur la relation audio/visuel perçue dans le temps de l’audio-spectateur et la rhétorique audiovisuelle résultant potentiellement de cette perception.
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