Il y aura bientôt vingt ans, lorsque j'arrivais dans les pâturages
pour rejoindre les bergers kazakhs auprès desquels j'enquêtais,
après les salutations d'usage et les manifestations de joie de se
revoir, la première question posée était : "as-tu vu Maria en ville ?
Ils en sont où ?" Simplemente Maria était alors la première telenovelas mexicaine programmée par une chaîne de télévision russe
que toute l'Asie centrale et le Kazakhstan suivaient de manière
assidue. Dans les yourtes, les femmes se montraient les plus
curieuses, mais les hommes n'étaient pas en reste tant ils
s'identifiaient à un mode de vie qui leur paraissait proche : celui
des grandes haciendas mexicaines. Régulièrement, les bergers
me disaient : "tu sais, nous on est comme les Mexicains, à cheval
toute la journée".