Le parfum de la révolution de jasmin qui a secoué la Tunisie de Ben Ali avant d'embraser une grande partie des foules urbaines du monde arabe a depuis longtemps été éventé au Maroc par l'habileté du système gouvernemental de Rabat. Une de ces nombreuses manoeuvres accomplies pour casser l'élan populaire qui risquait de remettre en question tout le système politique a été la promulgation d'une nouvelle constitution dans laquelle, c'est le point qui nous intéresse ici, le pouvoir satisfaisait à une des revendications centrales du militantisme berbère : la reconnaissance officielle de "la langue berbère". Cette décision a eu, au sein du mouvement berbère, un très grand retentissement, à tel point qu'elle a, d'une certaine manière, laissé la mouvance militante groggy par cette annonce spectaculaire. De la même façon qu'elle avait été sonnée, dix ans auparavant, lors du discours du roi qui annonçait la création de l'institut royal de la culture amazigh (berbère)2.