Les dernières décennies ont vu naître une tendance, dans les démocraties avancées, à la multiplication et à la diversification des sources de légitimité politique. Dans l'ouvrage qu'il a consa¬cré à la question, Pierre Rosanvallon estime qu'il s'agit de tenta¬tives de réponse à l'imperfection inhérente à la légitimité démocratique (2008). À ses yeux, en effet, le fondement théo¬rique originel du gouvernement démocratique était l'idéal d'una¬nimité. La règle de majorité, elle, ne s'est imposée que pour des raisons pragmatiques - la nécessité de prendre des décisions en l'absence d'unanimité, tout en respectant le principe d'égalité politique (voir également Mineur 2017). Mais le principe de majorité, au cœur de toutes les démocraties existantes, ne génère qu'une "légitimité imparfaite" (Rosanvallon 2008 : 29). Le simple fait d'être plus nombreux ne signifie pas qu'on a raison ou qu'on gouvernera mieux