Max Weber a défini la légitimité comme une "croyance" (1995 : 286). Dans son sillage, Seymour Martin Lipset la conçoit comme "la capacité à générer et maintenir la croyance que les institutions politiques existantes sont les plus appropriées pour la société" (1959 : 86). Le soutien des citoyens aux institutions et aux principes de la démocratie représentative est donc une précondition à la survie du régime (Lipset 1959 ; Easton 1957). Ce soutien sert de réservoir de bonne volonté pour que le régime puisse affronter des périodes de moindre efficacité (Easton 1965). Or, depuis plusieurs années, les études sur l'insatisfaction grandis¬sante des citoyens vis-à-vis de la démocratie représentative se multiplient (Thomassen 2015). Le principe démocratique reste largement soutenu, mais sa traduction dans le régime représentatif est de plus en plus contestée (Ferrín, Kriesi 2016). Cette évolution pose la question de la légitimité des gouvernements au sein de notre régime représentatif, mais aussi potentiellement celle de la légitimité même du régime représentatif et de ses institutions (Mair 2013).