Analysant la pratique des sciences sociales1 par les chercheurs
africains au cours des cinquante dernières années, Jean Copans
(2010), a mis au jour, entre autres faits, l'absence d'éditions nationales et de revues scientifiques dignes de ce nom, la prégnance
de l'expertise adossée à un puissant paradigme : la perdiemisation,
la consultance dont les effets négatifs sont en affinité avec la
proximité fonctionnelle du champ politique, les pesanteurs religieuses,
initiatiques, familiales et ethniques dans l'activité de
production des connaissances, l'incidence négative des coupures
d'avec le terrain africain occasionnées par l'expatriation euroaméricaine
des chercheurs, l'extension du domaine des activités
difficilement compatibles avec un investissement soutenu dans
l'activité de recherche correspondant à des critères internationaux
(au Kenya et en Ouganda, par exemple, les universitaires
sont des exploitants agricoles), les effets aggravants d'un contexte
général de déclassement des universitaires et des enseignants,
etc. Bref, de manière générale, la sociologie de la connaissance
faite par Jean Copans sur l'exercice des sciences sociales en
Afrique par des chercheurs africains débouche sur le constat
général d'un vide, de malentendus ou d'impasses.