Il y a, chez Franca Doura, une philosophie profonde, à base d'humour et de sérénité, qui permet de faire face aux vicissitudes de la vie. Humour ou humeur, un peu des deux. Et cela servi par un style léger, primesautier, hors cadre, hors de l'époque…
Une héroïne singulièrement délurée, qui n'hésite pas à semer le trouble dans l'inconscient de vieux messieurs tranquillement assis sur un banc du parc. Des artistes de variétés un peu anachroniques, aux prestations sexuelles un peu usées par le temps, elles aussi… (si vous en rencontrez un, mesdames, commencez par vous assurer qu'il n'ait pas de jumeau)
Ces considérations sur ma relation aux jumeaux viennent d'un autre lieu que celui de l'amour réputé aveugle ! Je ne suis ni sceptique ni cruelle cependant, bien que Diogène m'y encourage. La "cruauté bien dosée", à l'en croire, pallie l'isolement, la déréliction ou autre semblable. J'ignore une fois de plus ce qu'il entend par "cruauté". Mais, à tort ou à raison, je l'associe à la liberté du temps "de l'arbre les pieds dans l'eau".
Une histoire fertile en rebondissements, qui ne vous lâchera plus, de la première page à la dernière. A consommer de préférence, l'hiver, entre chien et loup, près d'un bon feu de bois, avec une tasse de votre meilleur thé et quelques petites madeleines.
Un conseil, cependant : consommez-la à petites doses. Je ne tiens pas à vous retrouver, un de ces soirs, sur un banc du parc, en face du mien, en train de me raconter des histoires extravagantes, alors que je ne vous connais pas, moi, madame. Il y a un temps pour tout…
Mieux encore : n'allez pas jusqu'à la fin. Si vous voulez vraiment connaître la fin de cette histoire embrouillée, allez plutôt en acheter une, de fin, à la boutique des fins heureuses ; j'en ai découvert une, l'autre soir, juste après la place de la Solitude, dans la rue des boutiques obscures.
Joseph Bodson
AREAW, février 2019